vendredi 3 janvier 2014

Vaudou



Que nous disent ces statues ?
L'attelage de ce char ?
Les clous, les chaînes, les cadenas, que nous disent-ils ?

Que nous disent-ils de la peur ? Que nous disent-ils de ce qui nous hante ? Que nous disent-ils de l'obscurité qui nous entoure certains soirs ? Et certains jours ?

Qui sont les esprits qui habitent impatiemment leurs repaires crasseux en attendant de pouvoir se saisir de nos biens, de nos corps, de nos âmes, de nos maisons — qui sont-ils ceux qui narguent nos nuits et se faufilent dans nos rêves ?

Ces esprits qu'on cloue à la tête pour mieux les maîtriser et qui, pourtant, se glissent dans nos chaussures pour mieux nous prendre aux chevilles quand nous voudrons marcher.

Ces êtres verrouillés contre toute atteinte, contre toute approche, rien ne les atteint.

Ils nous regardent sans fin de leurs yeux immobiles et pensifs, de leurs yeux de caméléons fatigués. 





Ils nous regardent et leurs yeux se chargent de nous tenir.

Nous voilà la parole interdite, la langue chargée, les lèvres cousues, les mots noués. Le corps tendu dans l'attente de ce qui va nous prendre.

Et le regard aveuglé.

Ils ont vaincu. Comme toujours.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire