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jeudi 16 février 2017

Sans visages

Je les imagine Italiennes, Siciliennes, qui sait ?
Trois sœurs peut-être. Deux d'entre elles pourraient être en deuil, la troisième — non, la troisième sœur ne peut en être dégagée, donc deux sœurs et leur cousine, une cousine éloignée, qui à l'instant vient de prendre son tambour à broderie.
On leur a apporté une lettre, des pages et des pages d'une écriture serrée, un frère en voyage dans un pays lointain qui leur envoie de ses nouvelles — des nouvelles terribles — ou, non, un héritage — elles cachent leurs visages pour qu'on ne les voie pas sourire de bonheur. L'argent arrive, enfin, et leur rêve, ce mariage longtemps retardé —

Ou, non. Elles ne sont pas siciliennes mais américaines, elles ont grandi à Albany ou à Philadelphie. La guerre de Sécession est encore à venir. Elles jouent. Elles jouent aux charades, un mot, une phrase, le titre d'un livre, une ligne d'un poème souvent répété — caché derrière leurs petits papiers blancs.

Ah, si je savais d'où j'ai sorti cette photographie…
Ou bien, elles sont françaises et délurées — il ne manque que la deuxième image — et la troisième et la quatrième de la série — pour avoir toute la saynète. Sans doute finissent-elles en corset — ou pire — leurs bandeaux dénoués, leur visage toujours caché au spectateur.