dimanche 9 février 2014

Vers Byzance





O sages standing in God’s holy fire

As in the gold mosaic of a wall,

Come from the holy fire, perne in a gyre,

And be the singing-masters of my soul.

Consume my heart away; sick with desire

And fastened to a dying animal

It knows not what it is; and gather me

Into the artifice of eternity.

.

Once out of nature I shall never take

My bodily form from any natural thing,

But such a form as Grecian goldsmiths make

Of hammered gold and gold enamelling

To keep a drowsy Emperor awake;

Or set upon a golden bough to sing

To lords and ladies of Byzantium

Of what is past, or passing, or to come.

W.B. Yeats, from Sailing to Byzantium,  
September 1927.




Ô  sages debout dans le feu sacré de Dieu

Comme dans l’or de la mosaïque d'un mur,

Quittez ce feu sacré, tournoyez sur la spire,

Et soyez les maîtres à chanter de mon âme.

Brûlez mon cœur en cendres ; malade de désir,

Et enchaîné à ce pauvre animal qui se meurt,

Il ne sait plus qui il est ; que mon être entier

Soit absorbé dans l’artifice de l’éternité.

.

Une fois délivré de nature, jamais

Mon corps ne renaîtra des formes de nature

Mais je prendrai des formes que les orfèvres grecs

Créent en or martelé ou en or émaillé

Pour tenir en éveil un Empereur qui s'endort ;

Ou qu’ils posent sur un rameau d’or pour chanter

Aux seigneurs et aux dames de Byzance

Les choses qui sont passées qui passent ou vont venir.

.
W.B. Yeats, extrait de Voile vers Byzance,  
Septembre 1927, 

traduction de J. Briat, 1998.



Ces mosaïques proviennent de deux églises d'Istanbul, la seconde plus à l'abandon que la première : Saint-Sauveur-in-Chora, en turc Kariye Kilisesi ou Kariye Camii (convertie en mosquée puis transformée en musée en 1848) et les deux églises jointes de la Panaya Pammakaristos et de la Theotokos Pammakaristos, connue aujourd'hui comme Fethiye Cami (également convertie en mosquée au xvie siècle, devenue un musée dans les années 1930). Toutes deux se situent à l'ouest de la ville vers les murailles ou dans le quartier du Phanar. Outre qu'avec celles de la galerie supérieure de Sainte-Sophie, ce sont les parmi plus belles qui subsistent de l'empire byzantin — les plus belles à Istanbul —, leur programme iconographique représente la somme de ce qui sera représenté dans le monde orthodoxe sous une autre forme, celle des icônes sur bois — icônes grecques, icônes russes, icônes bulgares et serbes : nativité et dormition, mère de Dieu — Theotokos —, prophètes, saints et archanges, anastasis, Christ en majesté.











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