vendredi 18 mars 2016

Vers les Portes de fer

Ici tout semble écrasé par la montagne.
Par la pénombre, le brouillard qui s'accroche, le vide, le froid. L'ennui sans doute.
Vous descendez la rue et vous ne savez pas pourquoi vous marchez là.
Vous ne savez plus ce qui vous a mené là.

Il semble qu'il n'y a personne dans le village que les chiens ou les vaches. Pas une voix humaine, pas un chant. Pas de lumière derrière les vitres, pas de mouvement dans les rues.
A un moment, oui, une trace, comme du linge qui s'enfuirait à votre approche.

Une tour, deux tours, au-dessus d'une palissade et vous vous souvenez que vous êtes dans cette vallée au pied du Kazbek, là où autrefois les bandits ossètes ou tchétchènes (vous ne savez plus) attaquaient les voyageurs russes qui prenaient la route de Tiflis.
On disait qu'ici se trouvaient les Portes de fer bâties par Alexandre le Grand pour contenir Gog et Magog.
Vous pensez aux bandits, vous pensez à Gog et Magog. Vous imaginez des cavaliers. Vous sentez le vent qui se lève et vous refermez votre manteau. Vous imaginez une horde de cavaliers, hurlant dans la vallée. Vous entendez l'écho mais sans doute que ce n'est que le bruit du vent.

Et puis vous les voyez, une famille laineuse en contrebas de la rue, leurs yeux tournés vers vous. Attentifs et paisibles. Interrogatifs. Curieux mais sereins.
Comme une famille de l'Ancien Testament égarée en terre barbare mais fidèle à sa loi. Confiants.



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