vendredi 4 avril 2014

Mer étale, orage





Allerseelen

Was hab ich
getan?
Die Nacht besamt, als könnt es
noch andere geben, nächtiger als
diese.

Vogelflug, Steinflug, tausend
beschriebene Bahnen. Blicke,
geraubt und gepflückt. Das Meer,
gekostet, vertrunken, verträumt. Eine Stunde,
seelenverfinstert. Die nächste, ein Herbstlicht,
dargebracht einem blinden
Gefühl, das des Wegs kam. Andere, viele,
ortlos und schwer aus sich selbst: erblickt und umgangen.
Findlinge, Sterne,
schwarz und voll Sprache: benannt
nach zerschwiegenem Schwur.

Und einmal (wann? auch dies ist vergessen);
den Widerhaken gefühlt,
wo der Puls den Gegentakt wagte.

Paul Cela, Sprachgitter, 1959.







Jour des morts

Qu’est-ce que j’ai
fait ?
Ensemencé la nuit, comme s’il pouvait
y en avoir d’autres, plus nocturnes
que celle-ci.
Vol d’oiseau, vol de pierres, mille
Voies décrites. Des regards,
cueillis et ravis. La mer
goûtée, entièrement bue et rêvée. Une heure,
assombrie d’âmes. La suivante, lumière automnale,
offerte à un sentiment
aveugle, qui allait son chemin. D’autres, beaucoup d’autres,
sans lieu, avec leur propre pesanteur : aperçues, contournées,
Des blocs erratiques, des étoiles,
noirs et plein de langage : nommés
d’un serment tu jusqu’à le rompre.

Et une fois (quand ? cela aussi est oublié) :
éprouvé le harpon,
là où le pouls osait la syncope.

Paul Celan, Grille de parole, 1959 (traduction de Martine Broda, 1991).





Mont Saint-Michel, hiver.

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